Vie professionnelle

Taxe sur le transport routier

L’agriculture alsacienne s’oppose au R-Pass dans une tribune

Publié le 15/02/2024

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Claudine Peter
« Et si, à la fin, ce n’est pas le consommateur qui paye, ce sera forcément l’exploitant qui en subira indirectement les conséquences sur son coût de revient. »

Alors que le projet de taxe sur le transport routier de marchandises (appelée « R-Pass*») devrait être mis en place par la CEA en janvier 2025, Nous, représentants du monde agricole alsacien, dénonçons cette punition qui, non seulement, ne résoudra pas les problèmes de congestion routière, mais aggravera la situation inflationniste que nos exploitations subissent de plein fouet. À la fin, c’est bien la valeur ajoutée de nos productions qui en sera impactée… et avec elle, la pérennité de nos filières et les emplois des Alsaciens !

Nous désirons vivement alerter les exploitants agricoles alsaciens sur les multiples risques que cette nouvelle taxe fait peser sur notre économie.

Le R-Pass, la fausse promesse d’une meilleure circulation sur nos routes à la charge de nos entreprises

Cette taxe est présentée par la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) comme une mesure censée réguler la congestion routière, principalement attribuée au trafic des poids lourds étrangers en transit en Alsace.

Or, d’après une étude commanditée par la CEA elle-même, ces flux de transit ne correspondent en réalité qu’à 15 % du trafic, soit finalement 85 % du trafic issu de nos entreprises alsaciennes. Cette taxe impactera donc principalement le transport de nos produits locaux, parfois dès le premier kilomètre parcouru.

Malgré des promesses de compensations ou exonérations, on peut se demander à quoi rimerait la mise en place d’une taxe qui serait, à en croire la CEA, presque totalement compensée et exonérée !

Cette taxe est en réalité un levier pour récupérer des fonds servant à financer l’entretien des routes cédées par l’État (à la demande de la CEA).

Personne ne nie le problème que constitue la congestion routière. Cette taxe ne constitue en aucun cas une réponse adéquate : des solutions réfléchies et réellement concertées doivent être privilégiées.

Une taxe qui porte préjudice aux entreprises et consommateurs alsaciens

Par ailleurs, les montants de taxe sont loin d’être insignifiants. Face à ce surcoût, chaque maillon fragilisé répercutera, comme il pourra, les impacts de la taxe sur les autres maillons pour alléger sa peine. Et si, à la fin, ce n’est pas le consommateur qui paye, ce sera forcément l’exploitant qui en subira indirectement les conséquences sur son coût de revient.

Ainsi, par cette taxe et le surcoût qu’elle engendrerait, la CEA montre bien le peu de cas qu’elle fait :

  • Du pouvoir d’achat des Alsaciens, historiquement fidèles aux produits issus de leur économie locale, qui subiront la hausse des prix pratiqués sur nos produits locaux (et les autres produits circulant sur nos routes). L’inflation sur les produits de grande consommation (dont le vin et les produits alimentaires) a atteint +15,5 % au 1er semestre 2023. Imposer une telle taxe, c’est mépriser le pouvoir d’achat des Alsaciens, leurs préférences et choix de consommation.
  • De la compétitivité des entreprises de son territoire : cette taxe viendrait créer une distorsion de concurrence entre régions pouvant compromettre l’avenir de nos productions non délocalisables ! Les entreprises ont récemment affronté des situations économiques difficiles avec, notamment, la pandémie de Covid-19, la flambée des prix de l’énergie et l’inflation. Imposer une telle taxe, c’est mettre en péril notre compétitivité et limiter nos capacités de développement et d’emplois.

À l’heure où l’ensemble des agriculteurs français se sont mobilisés pour dénoncer les distorsions de concurrence entre la France et l’Union européenne ainsi que les pays tiers, à l’heure où la CEA devrait soutenir, détaxer et accompagner la compétitivité des entreprises, elle fait tout l’inverse !

Comment peut-on accepter que la force de l’économie alsacienne, enviée par beaucoup aujourd’hui, puisse lui être, à cause de la mise en place du R-Pass, fatale demain ?

Aussi, dans vos mobilisations, n’oubliez pas que la CEA tire à boulet rouge sur l’économie de son territoire avec le R-Pass qui pourrait faire son apparition dès 2025 et dont nous ne voulons pas !

Les signataires de la tribune

Les représentants de la branche agricole du Collectif pour la compétitivité de l’économie alsacienne (CCEA)

 

L’Association des viticulteurs d’Alsace (Ava)

Président : Gilles Ehrhart

Élu référent R-Pass : Pierre-Olivier Baffrey

 

La Fédération du négoce agricole (FNA) Grand Est

Élu Référent : Étienne Armbruster

 

Le Collectif pour la compétitivité de l’économie alsacienne (CCEA)

Représentant du monde agricole : Marc Moser

 

Le Groupement des producteurs négociants du vignoble (GPNVA)

Président : Thomas Boeckel

 

La Coopération agricole Grand Est

Élus référents R-Pass : Michel Debes et Hervé Schwendenmann

 

Les Jeunes Agriculteurs (JA) du Bas-Rhin

Président : Yannis Baltzer

 

La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Bas-Rhin

Président : Franck Sander

 

Les Jeunes Agriculteurs (JA) du Haut-Rhin

Président : Florent Pierrel

Élu référent R-pass : Pierre-Luc Tischmacher

 

La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Haut-Rhin

Président : Pascal Wittmann

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