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Le jour où j’ai participé à un tournage…

Publié le 28/04/2020 | par Christophe Reibel

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La communication, clé de la réussite. (Photo d'illustration)
Wiebke Schmid
Séverine Schlumberger
Séverine Schlumberger et Franck Buecher : «Tourner est une expérience que chacun est prêt à renouveler. »
Domaine Schlumberger
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« J’ai eu l’impression de me retrouver comme un funambule à traverser du vide sur un câble auquel j’ai essayé de m’accrocher pour rester en l’air ! » confie Franck Buecher.
Julien Kauffmann

Faire de soi, de son domaine et de l’un de ses vins, les vedettes d’une vidéo est un exercice inédit qui sert toujours l’image du viticulteur. Le retour d’expérience de Séverine Schlumberger et de Franck Buecher.

« Je n’ai pas cherché. On m’a trouvé ! » Voilà comment Franck Buecher, du domaine Jean-Claude Buecher à Wettolsheim, narre la prise de contact avec l’agence Préambulles à l’automne 2019. « Un membre de l’équipe avait entendu parler de nous et de notre spécificité de ne produire que du crémant. Cela pique la curiosité. » Rendez-vous est pris. Franck prend l’avis de son épouse et d’un ami. Il visionne ce qui a déjà été réalisé. « J’ai réfléchi au lieu, à mon apparence, au vin. J’ai choisi un crémant rosé Murmure 2016, un effervescent contemporain issu d’un terroir granitique. Cela m’a également permis de parler de Walbach. La moitié de la surface du domaine s’y trouve et c’est un vignoble qui n’est pas souvent mis en avant. » L’équipe de trois personnes arrive un matin d’octobre sur le coup des 8 h. Le scénario du tournage s’ébauche ensemble, autour d’un café, pendant une bonne heure. La discussion s’égare aussi sur des chemins de traverse. « Il était important pour moi de mieux les cerner en dehors du simple fait qu’ils soient venus me voir. Je voulais savoir avec qui j’allais travailler, peut-être aussi trouver un délire, pour faire plus original. En fait, dans un tel contexte, les deux acteurs du tournage partent un peu dans l’inconnu. »

Les deux prises faites au caveau demandent cinq minutes à peine. Les autres, sur le terrain, réclament deux bonnes heures. Dans les vignes, les plans sont tournés, deux ou trois fois. « Il y a un retour instantané de l’équipe. Le technicien laisse faire. Mais il a son expérience. Il m’a repris, m’a conseillé sur comment dire les choses. À chaque prise, on les exprime autrement. Il faut enchaîner, être simple et précis. On a toujours tendance à trop parler, à utiliser des termes comme quand on est entre collègues. Mais le grand public ne les comprend pas toujours », remarque Franck. Un temps mort entre deux séquences est mis à profit pour déguster le vin, avant de reprendre la scène. « Finalement, il y a une grande part d’improvisation autour des messages auxquels on se réfère d’habitude. J’ai eu l’impression de me retrouver comme un funambule à traverser du vide sur un câble auquel j’ai essayé de m’accrocher pour rester en l’air ! » Le film est diffusé sur la chaîne Alsace 20. Il est visible sur Facebook. « J’ai eu du mal à reconnaître ma voix. Mes proches m’ont rassuré sur ma prestation. Apparaître ainsi réconforte mes clients, professionnels comme particuliers. Cela fait partie du métier. Je n’en attends pas de retombées particulières. Il y en aura peut-être, un jour, une fois passée la période d’inertie. Mais cela ne va pas multiplier le chiffre d’affaires ! »

 

 

« Oublier la caméra »

Si Franck Buecher n’a tourné qu’une fois, Séverine Schlumberger, du domaine éponyme à Guebwiller, est plutôt habituée à être face caméra. Elle comptabilise une trentaine d’émissions en vingt ans, surtout télévisées, parfois radiophoniques. « Je me suis démenée pour passer au journal de 13 h de TF1. Cela m’a pris la journée pour un sujet d’environ deux minutes. Mais l’impact est là. Quand on touche à ce milieu, on s’aperçoit qu’il existe un nombre élevé de chaînes. Certaines sont confidentielles. J’ai en découvert plein. Beaucoup s’intéressent aux voyages. Il y a également eu celle d’un constructeur automobile qui a souhaité tourner dans nos vignes. Mais même une vidéo amateur diffusée sur un réseau social peut percuter plus qu’un média national », détaille-t-elle. Un jour, une équipe américaine est venue. Séverine n’a jamais visionné son travail. Bien plus tard, des gens l’abordent parce qu’ils se rappelaient l’avoir vue. À chaque fois, elle présente le domaine et met un ou plusieurs vins en avant, comme ce pinot gris Kitterlé lors du passage de Préambulles. « Il ne sert à rien de parler de choses qui n’ont rien à voir avec la thématique. Ces passages sont de toute façon coupés au montage, décrit-elle. Mon objectif est de donner au téléspectateur envie de nous découvrir en ayant un discours propre à créer un capital sympathie. Il faut être percutant parce que le temps est compté. Au début, on stresse, après ça va. Mes dix ans de théâtre m’ont aidée, les présentations du domaine devant cent ou deux cents personnes aux États-Unis, aussi. J’avais dix minutes de temps de parole. Là, j’y arrive en six ! »

Sur les tournages, il faut juste « oublier la caméra. » Aujourd’hui c’est plus facile, car moins invasif. Les équipes sont encore composées de deux ou trois personnes, contre quatre à cinq il y a quelques années. Les outils d’aujourd’hui le permettent. Un simple smartphone peut suffire. Cependant si la séquence se déroule à l’intérieur, il faut souvent compter en plus le temps d’installer un éclairage. Le domaine Schlumberger réalise désormais des vidéos en interne. Elles portent sur la taille, le labour des rangs par un cheval… « C’est moi qui ai réalisé ce dernier sujet. Et j’ai réussi a effacé le bruit de la rue ! », rigole Séverine. D’autres images sont récupérées, moins pour les utiliser de manière commerciale que pour les partager. Au domaine, la responsable des réseaux sociaux établit une fréquence de publication avec un thème précis. « Être diffusé est un moyen de positionner sa marque, de rester présent à l’esprit des gens. Voir une bouteille du domaine, c’est peut-être se rappeler qu’on en a une dans sa cave. Cela peut devenir l’occasion de la déboucher ! », conclut Séverine.

 

« Faire redécouvrir leur vignoble aux Alsaciens »

Basée à Colmar, l’agence de communication Préambulles, monte depuis septembre 2019 des formats de cinq minutes diffusés trois jeudis sur quatre (le quatrième jeudi, Valérie Zago reçoit un invité en plateau) vers 19 h 30/19 h 40 sur la chaîne Alsace 20. Ils mettent chaque fois en scène un metteur en marché de vin d’Alsace. « L’idée est de faire redécouvrir leur vignoble aux Alsaciens. Un tel film s’adresse à tous les publics. Il n’y est donc pas question de technique », indique Valérie Zago, fondatrice de l’agence et œnologue de formation. Une vingtaine de maisons de vins d’Alsace se sont déjà prêtées au jeu. Elles ont été retenues en fonction du thème abordé et/ou de la qualité de leurs vins. En temps normal, l’émission est rediffusée à plusieurs reprises dans la semaine ainsi que durant la période estivale. La vidéo est mise à disposition du viticulteur qui peut la reprendre à sa guise sur les réseaux sociaux. « Le but est qu’elle soit vue le plus grand nombre de fois possible », rappelle Valérie Zago.

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