Vie professionnelle

Édito

Nous devons aussi parler en bien de notre métier

Publié le 25/12/2020

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Germain Schmitt
Franck Sander, président de la FDSEA du Bas-Rhin.

Par Franck Sander, président de la FDSEA du Bas-Rhin.

À l’approche de la fin d’année, il nous tarde d’en terminer avec 2020 qui a plongé la France et le monde dans une pandémie dont les conséquences risquent de nous accompagner après les douze coups de minuit.

Dans cette crise extraordinaire, nous avons tenté de gérer l’urgence, des dossiers dont nous n’imaginions pas devoir nous occuper un jour. Le secteur agricole a connu des situations diverses dans cette pandémie. Certaines filières ont été lourdement touchées : la viande bovine, la viticulture, l’horticulture, certains producteurs d’asperges ; et d’autres risquent d’avoir des répercussions à plus long terme. Au contraire, certains ont pu sortir leur épingle du jeu, et tant mieux. Toutefois, sur fond d’une énième sécheresse d’ampleur, l’année 2020 restera économiquement difficile. Le dégrèvement TFNB sur les prairies de 2 millions d’euros qui interviendra dans les semaines à venir, permettra un retour non négligeable mais ne compensera pas les pertes subies.

Cette pandémie a eu le mérite de remettre au centre du débat la notion de souveraineté alimentaire. Nos dirigeants et citoyens ont compris, l’espace d’un instant, que l’accès à une nourriture saine, sûre et en quantité suffisante n’est pas chose anodine. Malheureusement, cette prise de conscience semble n’être qu’un éclair, le monde d’après ressemble grandement au monde d’avant.

Un éclair comme l’est celui qui a conduit à la réautorisation des néonicotinoïdes. C’est une victoire importante. Même si les conditions de mise en œuvre de la mesure restent à définir, qui aurait pensé que nous réussirions à faire réhomologuer les phytosanitaires les plus décriés par la presse. Cette réussite nous la devons à l’extraordinaire travail syndical et à la mobilisation de notre ministre de l'Agriculture. Il y avait longtemps qu’un ministre n’avait pas autant défendu la cause, malheureusement c’est le seul phare au milieu d’un océan d’idéologie.

D’un côté, nos gouvernants prônent les circuits courts et la relocalisation mais dans le même temps, annoncent le plan pollinisateur, la révision de la zone vulnérable et demain des taxes sur les engrais. Produire en France devient une gageure. Ces incohérences continuent d’asphyxier l’agriculture française. Pourtant la FNSEA repousse trois vagues sur quatre, mais malgré tout nous sommes submergés. Les dirigeants de notre pays s’imaginent chaque jour un nouveau modèle agricole, un mélange entre une agriculture d’autosuffisance et la petite maison dans la prairie.

Quand Airbus vend des A350 aux Pays du Golfe, c’est la France qui réussit, quand nous vendons du blé ou du maïs aux pays du pourtour méditerranéen, c’est le modèle agricole intensif dépassé. Malgré un discours de façade, nos dirigeants ont une image déformée de l’agriculture et ne nous voient pas comme un secteur économique. Pourtant, nous sommes soumis aux règles du marché et à sa féroce concurrence. Soit les conditions d’une concurrence loyale sont réunies, soit le législateur nous protège, mais à ce jour il n’en a ni les moyens politiques, ni financiers. Nous, nous mourrons de ce manque de cohérence.

Cela doit être notre seul cheval de bataille, n’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas.

2021 sera aussi l’heure des grandes négociations pour la Pac. Il s’agit d’un enjeu capital pour l’Alsace. La convergence et l’obligation de rotation à la parcelle constituent les deux principales questions. Avec l’AGPM, nous sommes en première ligne pour empêcher des règles de rotation qui mettraient en péril la filière maïsicole et seraient aussi une contrainte forte pour l’autonomie des éleveurs. Sur la convergence, nous devons ralentir au maximum son application car l’Alsace dispose toujours de références au-delà des moyennes nationales.

Nous voulons aussi faire de la gestion des risques un axe fort de cette Pac. Par gestion des risques, on pense à l’assurance récolte qui doit être améliorée (abaissement de la franchise et disparition de la moyenne olympique) mais aussi, demain, une gestion des risques revenus et sanitaires qui seront de plus en plus importants à mesure que les moyens de protections des plantes diminuent.

Localement, la FDSEA travaille en lien avec les autres OPA à une solution sur la problématique des corvidés, l’impact de ces nuisibles a été considérable au printemps et nous devons vous apporter des solutions. C’est un combat qui s’annonce sur plusieurs années, dont 2021 constituera la première bataille. Les sangliers ne sont pas en reste, là aussi nous continuons nos actions pour la régulation des populations (battues administratives, 4C…). Localement, n’hésitez pas à solliciter les municipalités pour s’assurer que des battues seront menées en janvier, février ou même mars.

En cette fin d’année, les annonces sur le plan de relance constituent une opportunité. Ce dispositif du premier arrivé-premier servi nous oblige à être efficaces pour être prêts le 4 janvier. Toutefois soyons prudents, les investissements doivent être réfléchis car malgré la subvention, il faudra rembourser les 70 % restants. D’autres mesures interviendront dans le cadre du plan de relance, la FNSEA a obtenu 1,2 milliard d’euros fléchés sur l’agriculture, nous sommes les seuls en Europe, assurons-nous de l’utiliser à bon escient.

Il est toujours difficile pour un syndicaliste de parler du positif car on l’accuse d’avoir oublié d’où il vient mais nous devons aussi parler en bien de notre métier. Comment trouverons-nous des repreneurs ou des salariés, si nous parlons sans cesse des problèmes ? La dynamique d’installation le prouve, les hors cadres familiaux deviennent plus nombreux que nos enfants. Peut-être que parmi ces gens rêveurs, certains ne resteront pas agriculteurs, mais cette statistique doit nous alerter sur notre perception du métier. Il existe en Alsace des opportunités, certaines filières rentables cherchent des producteurs mais n’en trouvent pas, là aussi nous devons comprendre pourquoi. Nous devons aussi saisir les opportunités qui s’offrent à nous, dans plusieurs filières il existe des possibilités de développement que nous ne saisissons pas. Nous sommes en train de les recenser et bientôt nous pourrons vous présenter le fruit de ce travail.

Vous le voyez nous n’avons pas encore pu tenir de réunion ensemble mais cela ne nous empêche pas d’être présents sur les dossiers. Vous le savez, la FDSEA répond toujours présente, nous n’avons pas toujours gain de cause mais nous sommes sur les dossiers à vos côtés chaque jour. Nous devons aussi prendre le temps de réfléchir à nos forces et nos faiblesses pour construire un plan de route pour l’agriculture alsacienne. Nous sommes déterminés et ambitieux pour les agriculteurs.

Nous espérons vous retrouver rapidement en 2021 et vous souhaitons de profiter auprès des gens que vous aimez de la magie de Noël autour des plus beaux produits de l’agriculture et de la viticulture d’Alsace.

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