Vigne

Sécheresse

Pas une année catastrophique non plus

Publié le 25/08/2020

Sécheresse - Canicule - Vigne - 04.jpg
Malgré une sécheresse pesante, le millésime 2020 s’annonce tout de même bon avec des rendements tout à fait corrects.
Germain Schmitt
6732626.jpg
Philippe Kuntzmann : « Il y a aujourd’hui des secteurs en grandes difficultés avec des pans entiers qui n’ont pas reçu une seule goutte d’eau depuis plus de quinze jours. »
DR

Conséquence de la quasi-absence de pluie depuis un mois, dans certains secteurs, les feuilles des vignes commencent à jaunir, voire à tomber… Comme pour toutes les autres cultures, l’été est rude pour le vignoble alsacien qui fait face à une sécheresse record cette année. 

L’été 2020 est déjà entré dans l’histoire. Mois le plus sec depuis 1959, juillet 2020 est pour beaucoup de cultures celui des coups de chaud à répétition et d’un manque d’eau qui commence à peser. Le vignoble alsacien ne fait pas exception. « Il y a aujourd’hui des secteurs en grandes difficultés avec des pans entiers qui n’ont pas reçu une seule goutte d’eau depuis plus de quinze jours », constate Philippe Kuntzmann, responsable des services techniques chez Vitivina, début août. Il est vrai qu’avec une moyenne régionale de 5 millimètres de pluie par jour sur tout le mois de juillet, selon Météo France, la situation a de quoi préoccuper. Le manque d’eau freine la maturité des vignes : « L’eau est vraiment le facteur limitant car il risque de compromettre l’avancée de la maturation dans les secteurs sensibles, particulièrement au nord de Colmar », note Philippe Kuntzmann.

S’il est encore aujourd’hui difficile de donner des chiffres, la sécheresse actuelle devrait être synonyme de perte pour certains vignerons, et plus spécifiquement sur les pieds de moins de dix ans, plus sensibles aux grosses chaleurs estivales. D’autant plus que les indices d’humidité des sols sont largement en dessous de la normale et que le peu de précipitations n’a pas suffi à ralentir la tendance à l’assèchement. Preuve, s’il en fallait plus, de ce manque d’eau : le comité départemental sécheresse a placé le 12 août dernier le bassin de la Bruche en état de crise, tout en maintenant le reste du département en alerte.

Un bon potentiel de récolte

Tout n’est cependant pas noir. Car la vigne, en tant que plante méditerranéenne, possède une assez bonne résistance aux fortes températures. « On a aujourd’hui un potentiel de récolte élevé même si la situation est plutôt hétérogène dans la région. L’année a été globalement bonne avec assez peu de maladies à déplorer donc, oui, hormis le manque de pluie dans certains secteurs, les vendanges devraient être correctes », analyse Frédéric Schwaerzler, conseiller viticole à la Chambre d’agriculture Alsace. Selon le technicien, les conditions climatiques actuelles sont proches de celles de 2015 ou 2018. La sécheresse à l’époque n’avait pas impacté les rendements.

Ce qui interpelle plus en revanche, ce sont les dates de début des vendanges. On constate en effet depuis quelques années maintenant une nette avancée liée à la hausse perpétuelle des températures, selon Philippe Kuntzmann. « Depuis la fin des années 1980, les vendanges ont sans cesse démarré plus tôt et désormais, on parle de vendanger à la fin du mois d’août, chose impensable il y a encore vingt ans ». Un constat d’autant plus alarmant que la tendance devrait se poursuivre dans les prochaines années, a fortiori pour les cépages les plus sensibles à la sécheresse comme le riesling. Les vignes n’ont pas fini de suer.

 

 

Lire aussi : Plein cagnard sur les cultures, sur le site de L'Est agricole et viticole, et sur le site du Paysan du Haut-Rhin.

Les vidéos