Pratique

Chambre d'agriculture d’Alsace

En service et en télétravail

Publié le 30/04/2020 | par Jean-Michel Hell

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Chez elle à Steinbach, Marielle Pascolo traite les dossiers concernant les déclarations Pac des agriculteurs.
Jean-Michel Hell
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Pour assurer la continuité du service, la conseillère retrouve ses collègues en visioconférence.
Jean-Michel Hell

Depuis le début de la crise sanitaire et du confinement, les salariés de la Chambre d'agriculture Alsace n’ont jamais cessé de travailler. Ils sont nombreux à privilégier le télétravail. À l’exemple de Marielle Pascolo, conseillère d’entreprise et installation, qui est aussi en charge du suivi des dossiers de déclarations Pac des exploitants agricoles.

Nous sommes le lundi 16 mars, il est midi. À la cantine de la Chambre d'agriculture à Sainte-Croix-en-Plaine, le personnel déjeune. Le principal sujet de discussion concerne la propagation du Covid-19. Le soir même, le président de la République Emmanuel Macron doit s’exprimer. Mais, les salariés le savent déjà, c’est leur dernier déjeuner ensemble avant longtemps. Dans l’après-midi, à l’issue d’une réunion interne, on leur demande de ne pas revenir le lendemain et de « télétravailler ». À 20 h, l’annonce est officielle : la France entre en confinement pour une durée indéterminée.

Parmi ces salariés, il y a Marielle Pascolo, conseillère d’entreprise et installation. Elle est présente à la Chambre depuis juillet 2007. Domiciliée à Steinbach, elle est mariée avec Sébastien, sapeur-pompier volontaire et employé à la cave vinicole du Vieil Armand à Soultz-Wuenheim. Le couple a deux garçons : Camille 7 ans et Baptiste 5 ans. « J’ai pris l’essentiel de mes dossiers d’adhérents pour les emmener à la maison. J’ai déménagé le bureau. J’ai ramené mes plantes. Je suis arrivée à la maison avec mon coffre plein, raconte Marielle Pascolo. C’est une sensation bizarre de dire au revoir à ses collègues sans savoir quand on va les revoir. C’est une période anxiogène. »

En temps normal, ses missions concernent tout d’abord le suivi et la gestion technico-économique des exploitations de montagne. Une trentaine pour sa part. Il s’agit d’apporter un appui à l’agriculture pour l’aider dans sa prise de décision liée à la conduite des activités de son exploitation. Après réalisation du dossier de suivi de gestion technico-économique annuel, elle commente les résultats et construit des solutions avec l’exploitant. Son appui la conduit à proposer des recommandations ou à orienter vers des expertises plus spécifiques si nécessaire. Cette assistance repose sur une analyse préalable du fonctionnement économique, technique et humain de l’entreprise, et notamment le calcul du dossier de gestion pour chaque adhérent. Cette partie est inchangée dans la situation actuelle.

La conseillère fait partie de l’équipe en charge des dossiers d''installation des jeunes agriculteurs. Les stages 21 h, le travail en amont avec le plan de professionnalisation personnalisé, le rendez-vous commun avec son collègue Jean-Paul Ringeisen et les JA permettant de faire le point sur son parcours et les besoins de formation. « Tout au long de l’année, il s’agit de suivre ces dossiers, d’effectuer les demandes d’aides à l’installation, de faire le point avec le jeune dans le cadre du suivi post-installation, de faire les mises à jour des dossiers via les avenants. Anne-Laure Dujardin-Rolli est ma responsable d’équipe », ajoute Marielle Pascolo.

 

 

Le trajet en moins

Elle est désormais 100 % en télétravail. « L’avantage de cette situation, c’est que le travail se fait comme au bureau, moins le trajet à effectuer. Mais j’ai souvent du mail le soir. Je prolonge. Le trajet, justement, permet habituellement de couper. On covoiture avec deux, trois ou quatre collègues. Ce temps-là a disparu. Le matin, j’arrive à m’y mettre facilement. Je reprends aussi plus vite l’après-midi. Finalement, j’ai la sensation de travailler davantage. » Une situation plutôt exceptionnelle qui donne des idées aux employés. « Auparavant, on avait droit à cinq jours par an de télétravail. Mais, déjà, il y avait des demandes de membres du personnel pour télétravailler plus souvent », observe Marielle Pascolo.

Son mari était en arrêt pour garde d’enfants en mars. En avril, il a posé ses congés. Il travaille à nouveau depuis ce lundi 27 avril. Jusque-là, Marielle Pascolo a pu se concentrer sur son boulot. Sébastien prenant la charge de l’école pour le grand. « Sans cela, la situation aurait été plus difficile à gérer. J’aurai certainement eu moins de disponibilités. Là, je mettais les pieds sous la table comme à la cantine. La logistique était gérée », apprécie la jeune femme.

Au niveau de la CAA, la majorité des conseillers étaient déjà équipés d’un ordinateur portable, d'un téléphone et d'un accès au réseau interne, comme au bureau. Ceux qui n’en disposaient pas encore, ont eu ce matériel grâce à la réactivité des informaticiens de la Chambre qui, dans des temps records, ont pu raccorder tous les salariés au réseau. « Du coup, nous faisons régulièrement des visioconférences pour faire le point sur les dossiers et se partager le travail », précise la conseillère.

Partage d’écran

Une autre charge de travail importante actuellement concerne les déclarations Pac des exploitants agricoles et viticoles. « Nous nous réunissons habituellement début avril pour reprendre les procédures, les nouveautés, la réglementation… Là, en cette période exceptionnelle, nous faisons des points réguliers, mais en visioconférence. Ce vendredi 24 avril, nous sommes une dizaine pour échanger. C’est la troisième réunion de ce type. Et elles sont intenses, souligne Marielle Pascolo. Quelques conseillers sont absents. Précisément pour garder leurs enfants. »

Pour accompagner les déclarations, les salariés de la Chambre disposent d’un outil informatique qui leur permet de partager leur écran avec chaque exploitant. « Chacun peut prendre la main à distance pour éclairer une difficulté ou apporter une précision. Ce matin (jeudi 23 avril), l’exploitant avec qui j’ai échangé l’a utilisé. Il m’a montré avec sa souris la modification à apporter à son îlot. J’ai pu en tenir compte et faire avancer son dossier », ajoute la conseillère.

 

 

Habituellement, les professionnels reçoivent un courrier de « demande d’accompagnement », qu’ils remplissent puis renvoient. Claire-Lise Raeppel centralise les demandes et répartit les dossiers entre les conseillers. La collègue du système d’information géographique (Sig), Catherine Brauer prépare certains dossiers en amont des rendez-vous. Tout est alors en ligne dans le réseau interne. S’il faut rajouter des îlots, c’est possible grâce aux références cadastrales. « Quand les exploitants viennent au rendez-vous, nous finalisons les déclarations Pac. Avec le confinement, nous nous sommes réorganisés. La procédure en amont des rendez-vous est la même. Mais, nous avons un fichier informatique supplémentaire et tout est scanné. La grande différence par rapport à « avant », c’est qu’il n’y a plus de courrier pour les rendez-vous. À l’inverse, nous donnons à Claire-Lise nos disponibilités et nous fixons le rendez-vous avec le professionnel, téléphonique ou en visioconférence. On passe alors les îlots en revue. Nous allons jusqu’au bout de la déclaration. Là où c’est plus rapide, c’est dans la manière de procéder. Comme on est à distance, nous allons plus rapidement à l’essentiel », constate une autre conseillère d’entreprise, Caroline Brunner.

Quelle reprise ?

Habituellement, ces déclarations Pac doivent se faire entre le 1er avril et le 15 mai. Compte tenu de la situation, ce délai a été reporté. « Pour les dossiers « montagne » avec des contrats MAEC, tout n’est pas encore calé. La procédure risque donc de se prolonger et se finit par des entretiens par visioconférence. C’est l’occasion pour les professionnels de rentrer de nouvelles parcelles, d’actualiser les dossiers », complète la conseillère.

Tout ce travail réalisé en équipe a permis de former d’autres salariés de la Chambre d'agriculture. L’occasion de solidifier les liens professionnels du service avant la reprise tant attendue. « Pour le moment, il est difficile de se projeter sur l’avenir et de savoir quand nous pourrons tous nous retrouver. Pour ma part, je suis également déléguée du personnel au comité social et économique (CSE). Nous avons une réunion le 6 mai prochain pour tenter de voir et de mieux apprécier cette reprise. Nous aurons des précisions et des informations du gouvernement d’ici là. Notamment, sur les conditions de travail et les accès au bureau », conclut Marielle Pascolo.

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