Pratique

Loïc Voinson, champion de bûcheronnage sportif

Il envoie du bois !

Publié le 21/07/2022 | par Anne Frintz

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Loïc Voinson s’entraîne plusieurs fois par semaine, notamment pour l’épreuve de la hache à la verticale. Il est ici chez lui, à Aubure, sous le hangar qu’il a construit de ses mains… en bois, bien sûr !
Anne Frintz
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Le jeune homme, au dernier championnat du monde de bûcheronnage sportif, en mai 2022, à Vienne, en Autriche, à la scie passe-partout. C’est dans cette épreuve que l’Alsacien a battu un record du monde, en avril dernier. Il a découpé une rondelle de 40 cm de diamètre, en 11,09 secondes ! Un Suisse l’a détrôné, depuis.
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Le record du monde de Loïc Voinson, en avril 2022.
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Loïc Voinson, durant une épreuve de découpage de disques de bois à la tronçonneuse.
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Loïc Voinson, au dernier championnat du monde, à Vienne, en mai 2022.
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Champion de France de bûcheronnage sportif, vice-champion d’Europe en 2021, cinquième mondial : à 23 ans, Loïc Voinson est le meilleur Français de sa catégorie, depuis sept ans, déjà ! Et il n’est pas encore dans la force de l’âge… Cet Auburien, originaire de Sainte-Croix-aux-Mines, est aussi bûcheron de métier mais, couper des arbres en forêts et s’adonner aux timbersports*, ça n’a rien à voir… ou presque. Portrait d’un compétiteur.

« Ça se joue à quelques secondes », cadre d’emblée Loïc Voinson. En bûcheronnage sportif, les temps sont ultracourts. Rien qu’au dernier championnat du monde, en mai 2022, quatre records sont tombés, dont le sien, au passe-partout (ou single buck), l’épreuve à la grande scie dentée de 2 m de long et de plus de 10 kg. Loïc détenait depuis avril, le meilleur chrono mondial au passe-partout, dans sa catégorie, les moins de 25 ans qu’on appelle les Rookies : 11,09 secondes pour la coupe d’une rondelle de bois de 40 cm de diamètre. Un Suisse l’a détrôné à 10,36. Peu importe, Loïc Voinson a relevé le défi qu’il s’était lancé à lui-même : il est le cinquième meilleur bûcheron sportif au monde. Le champion français s’est ainsi classé à un point du Néo-Zélandais, dont la patrie est à l’origine, avec l’Australie, des « sports de bois ». Aussi, le record « n’était pas prévu, vu le niveau ». « J’étais très moyen au passe-partout. C’est ce qu’il y a de plus difficile, de plus physique. J’ai mis trois ans à faire une rondelle sans coincer. Mais à force d’entraînement, c’est devenu une de mes épreuves favorites, comme celle de la hache à la verticale ; standing block chop, en anglais », confie Loïc Voinson.

 

 

Fulgurance

Ce pongiste (vice-champion d’Alsace junior en 2015) a commencé le bûcheronnage sportif à 16 ans, encouragé par un collègue, alors qu’il était apprenti bûcheron à Sainte-Marie-aux-Mines. Chez les Voinson, on est bûcheron de génération en génération, mais Loïc est le premier à s’intéresser aux timbersports. « Plus jeune, je regardais toujours le concours amateur de bûcheronnage, à Sainte-Marie. Je me disais : un jour, je ferai ça. Mais je ne pensais pas arriver aux timbersports si vite, ni être aussi bon », confie-t-il. Lors d’un stage en CAP, il travaille avec Julien Meyer, un bûcheron formé par le père de Loïc. Julien pratique le bûcheronnage sportif. Il est senior. Il propose à Loïc d’essayer. « Ça m’a plu », dit simplement le jeune Voinson. Loïc et Julien s’entraînent. « Depuis, on est tout le temps ensemble. On a d’abord été invité dans des concours non-officiels en Savoie, dans le Sud, en Bourgogne. Puis, j’ai participé à deux week-ends préparatoires aux compétitions officielles organisées par Stihl (la référence en tronçonneuses, NDLR). » En 2015, il réalise déjà les meilleurs temps à la hache à la verticale et à l’horizontale, au championnat de France Rookie. Sa carrière sportive est lancée.

Mais impossible d’en vivre, même aujourd’hui. S’il gagne des prix d’un montant de 500 à 4 000 € lorsqu’il monte les marches du podium, Loïc Voinson ne peut pas compter uniquement sur cette passion du bois. Son gagne-pain reste son métier de bûcheron, qu’il exerce depuis ses 18 ans, au syndicat des communes forestières de Sélestat et environs (Sivu), sur 6 000 ha de sylve. Il y est d’ailleurs formateur pour les élèves en apprentissage du lycée de Sainte-Marie-aux-Mines. Nul doute que l’aura de Loïc est un plus. « Les timbersports se développent depuis les années 2000. Aujourd’hui, la chaîne de télévision L’Équipe (re) diffuse les compétitions », pointe le jeune homme. Ils seraient moins de 200 à pratiquer comme lui, en France, mais de plus en plus d’adolescents (hommes et femmes) s’intéressent, la médiatisation aidant. Stihl assure la promotion de ses champions : une quinzaine de journalistes ont défilé devant Loïc, depuis ses derniers sacres. Et ce n’est sûrement pas un hasard si l’entreprise allemande a choisi Schirrhein dans le Bas-Rhin, pour ses derniers championnats de France le 2 juillet 2022. Les bonnes volontés locales finissent de populariser le sport. Par exemple, l’association sainte-creuzienne Lumberjack (bûcheron en anglais), créée en 2015 par Julien Meyer et Loïc, organise à domicile les 20 et 21 août, le championnat de France de bûcheronnage sportif de la fédération nationale du sport en milieu rural (FNSMR), fédération à laquelle elle adhère avec quinze autres clubs. Encore une occasion de mettre le sport à l’honneur.

 

 

Ça va couper !

Six épreuves peuvent s’enchaîner dans les championnats Stihl Timbersports : le springboard (hache à la verticale sur tremplin ; après avoir réalisé deux entailles dans un tronc, les concurrents y glissent deux planches, montent dessus et coupent une bille de bois de 27 cm de diamètre), le standing block chop (hache à la verticale ; simulation de l’abattage d’un arbre), le underhand chop (hache à l’horizontale ; découpe d’un arbre abattu), le stock saw (le découpage de deux disques de bois à la tronçonneuse de série), le single buck (le découpage d’un disque de 40 ou 46 cm de diamètre à la scie passe-partout) et le hot saw (le découpage de trois disques à la tronçonneuse de compétition, dont la puissance peut atteindre 80 ch). Les autres concours s’en inspirent. C’est généralement du peuplier qui est découpé en compétition. « Pour m’entraîner je prends ce que je trouve, souvent du pin », observe Loïc Voinson. Mais ce bois est plus abrasif. Loïc possède une dizaine de haches, dont près de la moitié pour l’entraînement, deux passe-partouts et au moins autant de tronçonneuses. Celle dont il a hâte de se resservir est équipée d’un moteur d’ULM (entre 15 à 20 kg, à lui tout seul). « Les tronçonneuses de compétition sont presque deux fois plus rapides que celles de série (mais aussi deux à trois fois plus lourdes, jusqu’à 30 kg, NDLR). Elles permettent de réaliser l’épreuve en cinq à six secondes », précise Loïc. La sienne est particulièrement rare. Il promet : le dimanche matin, il la laisse au garage. Par contre, il est susceptible de « taper un morceau » à la fraîche… enfin, dix ou quinze plutôt ! « Mon coach pense que je serai dans la force de l’âge à 30 ans. J’aurai plus de muscles et plus d’expérience qu’aujourd’hui. C’est un sport très technique. La puissance ne fait pas tout. Il faut visualiser », explique-t-il, tout en traçant des lignes sur le billon qu’il va ensuite cogner de sa hache. « J’ai mis beaucoup d’angle. Le bois est sec ici, il sera plus dur que de l’autre côté », ajoute-t-il, concentré. Sous son futal, des chaussettes « cotte de mailles », pour éviter de se trancher, en cas de loupé. À part des tronçonneuses qui prennent feu, il n’a jamais vu d’accident, durant les compétitions de timbersports. Il a tout de même entièrement conscience du danger. Mais, du haut de son mètre 82 pour 98 kg, il semble qu’il en faille beaucoup pour l’impressionner.

 

 

Rendez-vous les 20 et 21 août

Pour voir Loïc Voinson dans ses œuvres et des démonstrations de matériel d’exploitation forestière avec la société AMR (sponsor), rendez-vous au Championnat de France 2022 de la FNSMR, à la Villa Burrus, à Sainte-Croix-aux-Mines, les samedi et dimanche, 20 (à partir de 18 h, avec les féminines) et 21 août (de 10 h à 19 h). Entrée : 2 €, pour les deux jours. Restauration sur place.

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