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Économie

Les chambres consulaires continuent d’accompagner les entreprises

Publié le 28/09/2020 | par Florence Péry

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Germain Schmitt
Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour accompagner les entreprises, ont souligné les présidents et vice-présidents des trois Chambres consulaires alsaciennes.

Exploitations agricoles, entreprises artisanales ou industrielles, commerces : toutes les entreprises ont vu leur activité bousculée par la crise sanitaire. Les chambres consulaires, qui les ont accompagnées jusqu’ici, dressent un premier bilan. Avec un message commun : celles qui sont en difficulté doivent se signaler sans attendre.

Rester optimiste malgré tout : lors d’une conférence de presse de rentrée, organisée le 14 septembre à Strasbourg, les représentants des trois Chambres consulaires - Chambre de commerce et d'industrie Alsace Eurométropole (CCI), Chambre d’agriculture (CAA) et Chambre de métiers d’Alsace (CMA) - ont choisi de ne pas ajouter au catastrophisme ambiant. La crise sanitaire a certes touché l’ensemble des entreprises, mais à des degrés divers, ont exposé Jean-Luc Heimburger, président de la CCI Alsace Eurométropole, Denis Ramspacher, président de la CAA, et Jean-Louis Freyd, vice-président de la CMA.

Le confinement a conduit certaines d’entre elles à arrêter provisoirement leur activité. Il a fallu les aider à se remettre en marche : à trouver du matériel de protection, s’y retrouver dans les mesures de protection des salariés et dans les dispositifs d’aide, à se réorganiser, a énuméré Jean-Luc Heimburger. « La situation était inédite, il était nécessaire qu’on se parle beaucoup ». Les conseillers de la CCI ont appelé 5 500 entreprises sur les 80 000 ressortissants de la CCI. La Chambre d’agriculture a organisé des visioconférences avec les différentes filières agricoles pour prendre la mesure des difficultés rencontrées et les faire remonter auprès des organismes concernés. Elle a instauré une « foire aux questions » sur son site internet pour répondre aux questions les plus courantes des agriculteurs. La CMA, de son côté, a mis en place un numéro spécial avant même le confinement, puis lancé des « webinaires », autrement dit des séminaires à distance, permettant d’accompagner les chefs d’entreprises artisanales dans la reprise de leur activité.

 

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Publiée par Chambre d'agriculture Alsace sur Lundi 14 septembre 2020

 

Le commerce et les services souffrent

Où en est-on aujourd’hui ? Dans le commerce et l’industrie, où le chiffre d’affaires et les carnets de commandes sont en recul sur le premier semestre, les chefs d’entreprise sont confiants quant aux perspectives à venir. Ce sont surtout le commerce et les services qui souffrent, note Jean-Luc Heimburger, qui s’appuie sur une enquête réalisée par la CCI Alsace-Eurométropole début juillet. L’industrie et le BTP semblent moins touchés, surtout quand il s’agit d’entreprises de plus de 50 salariés. Pour autant, il ne faudrait pas qu’un nouveau confinement vienne s’ajouter au premier. Ce serait catastrophique, juge le président de la CCI, qui mentionne des problèmes de trésorerie chez plus de la moitié des entreprises interrogées mais un niveau d’emploi « stable pour le moment ».

En agriculture, l’activité s’est maintenue pendant le confinement, hormis chez les horticulteurs. Mais la crise sanitaire est venue aggraver la situation dans certaines filières déjà touchées par une conjoncture difficile ou par la sécheresse, fait valoir Denis Ramspacher. La viticulture est fortement touchée, la consommation de viande est en baisse mais les fruits et légumes s’en sortent correctement et la volaille permet toujours d’installer des jeunes grâce aux possibilités de transformation locale. Les circuits courts ont été plébiscités par les consommateurs mais « si on veut des produits locaux, il faut accepter d’en payer le prix », souligne le président de la Chambre d’agriculture Alsace. Il espère bien que la demande pour ces produits va se maintenir mais constate aussi que la grande distribution est en train de rediscuter les prix vers le bas. Le naturel, décidément, revient au galop.

Une relance de l’économie de proximité

L’hôtellerie et la restauration sont toujours « en grande souffrance ». De même que l’imprimerie, les taxis, les fleuristes, le secteur de l’esthétique et celui l’événementiel, note pour sa part Jean-Louis Freyd. Les entreprises malmenées « sont plombées par le manque de trésorerie », dit-il en se prononçant pour « une relance durable de l’économie de proximité ». S’agissant de l’apprentissage, qui constituait un motif d’inquiétude pour la CMA avant l’été, les choses sont rentrées dans l’ordre puisque le nombre des contrats d’apprentissage est en hausse dans les centres de formation des apprentis d’Eschau, de Colmar et Mulhouse. De plus, les investissements prévus par les artisans dans le cadre des appels à manifestations d’intérêt sont bien partis, indique Jean-Louis Freyd.

Dès le départ, une réaction assez forte s’est manifestée pour soutenir l’économie tant au niveau de l’État que des collectivités, se réjouit Jean-Luc Heimburger. Cela ne suffira sans doute pas à éviter la casse mais les dispositifs mis en place, tel que le plan de relance pourtant « très complexe » prévu par le gouvernement - sont les bienvenus. Le président de la CCI insiste sur l’importance de la commande publique pour soutenir les entreprises et réclame l’étalement de certaines charges, les charges sociales et fiscales en particulier mais aussi la TVA (taxe sur la valeur ajoutée).

La CCI a mis en place une cellule de soutien pour les entreprises rencontrant des difficultés : 375 entreprises ont été prises en charge dans le cadre de ce dispositif entre mars et août. Il est important que les chefs d’entreprises concernés se déclarent pour qu’ils puissent être accompagnés au plus vite, y compris sur le plan psychologique. Les agriculteurs, eux, peuvent faire appel à la cellule Réagir, en place depuis quelques années. Une centaine d’entre eux est suivie et bénéficie d’un accompagnement social et économique leur permettant de surmonter leurs difficultés, voire de se réorienter, indique Denis Ramspacher.

De nouveaux enjeux

Au-delà de la crise sanitaire, les entreprises, quelle que soit leur affiliation, sont confrontées à de nouveaux enjeux : produire selon « un modèle plus durable, plus écoresponsable, plus citoyen », résume Jean-Louis Freyd. Ce qui, en agriculture, se traduit par la recherche d’une meilleure utilisation et préservation des ressources et d’un « mieux vivre ensemble ». Preuve que des réponses communes peuvent être trouvées sur certains de ces enjeux, le lancement, en pleine crise du Covid-19 d’un site de « business sourcing » recensant 547 entreprises de la région dans le but de faciliter le recours à des sources d’approvisionnement locales.

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